lundi 18 mai 2009

Ghostwriting, des plumes dans l'ombre

Dans le "voyage de Chihiro", film d'animation de Hayio Miyasaki , la reine Yubaba prive de leurs noms ceux qui pénètrent dans le Royaume des Mille Bains (image ci-contre). Ils se transforment alors en ombres fantomatiques. Pour échapper à ce sortilège, Chihiro entreprend un voyage initiatique au terme duquel elle reprendra son nom.
La pratique du "ghostwriting" (ou "écriture fantôme") pose à la communauté scientifique, un problème éthique majeur et certains n'hésitent à la qualifier de "mauvaise conduite scientifique".
De nombreux articles publiés dans la littérature scientifique ne sont pas rédigés par les auteurs qui les signent mais par des professionnels de la rédaction scientifique, ou "medical writer". Bien utilisée, cette pratique permet la publication de résultats qui ne l'auraient pas été autrement, faute de temps pour les écrire. Dans ce cas, le medical writer peut-être considéré comme un professionnel de la mise en forme, l'essentiel de la contribution intellectuelle revenant aux experts qui ont généré les résultats.
Où commence la contribution intellectuelle du medical writer ? A partir de quel moment doit-il être considéré comme un auteur ? Là réside toute l'ambiguïté de cette pratique. Dans les pires des cas, un article scientifique est construit de toute pièce selon un argumentaire commercial rédigé par un medical writer, puis publié sous le nom d'un expert invité. Les anglos-saxon utilisent alors l'expression "Guest and Ghost".
Par volonté de transparence, des éditeurs scientifiques de plus en plus nombreux exigent que la contribution du medical writer soit précisément décrite dans la partie "remerciements" des articles scientifiques, afin de pouvoir trancher sur leur statut. Dans un article récemment paru dans la revue Plos Medicine "What should be done to tackle ghostwriting in the medical litterature?", éditeurs scientifiques, experts médicaux et rédacteurs médicaux sont invités à débattre sur le sujet.